Combien de fois ne l’ai-je pas entendu sur les bancs de l’assemblée nationale ? Des adversaires, semble-t-il sans reproches, s’indisposaient à me répondre en m’excluant du champ des valeurs républicaines. Aucune chambre, aucun conseil, aucun ordre ne décerne pourtant cette lettre d’introduction. Mais les ministres et les agioteurs de tous les camps utilisent cet artefact avec une savante dextérité : exclure du champ du possible et du fréquentable est l’armure des gros partis, après que ceux-ci ont perdu toute respectabilité et toute crédibilité auprès du peuple.
Dans son édition du jour, le quotidien La Croix livre une enquête passionnante sur le rapport des Français à la politique. Ainsi la journaliste Cécile Rouden résume-t-elle : « Non seulement ils s’y intéressent toujours très majoritairement mais une part significative d’entre eux manifeste encore le désir de s’engager et de peser sur le débat public ». Et les chiffres traduisent ce désir d’engagement pour ôter à la forme partisane sa carapace incapacitante : 13 % des Français seulement sont prêts à soutenir financièrement un candidat aux élections présidentielles, 19 % pourraient adhérer à un parti politique. En somme, le FN, les Républicains et le Parti Socialiste réussissent l’exploit d’être encore moins séduisants que la CGT. En période blocage, cela laisse songeur…Les « nouvelles générations » et les référendums sont plébiscités à l’inverse. Comme quoi, les partis n’ont vraiment pas la côte.
Les sondages, d’ailleurs, notent ce rejet des dirigeants issus des partis politiques. Dans le baromètre IFOP de ce mois de Mai, François Hollande réunit 84% de mécontents et Manuel Valls 77%. Les télévisions, les journaux et les radios nous abreuvent pourtant de leurs piteux exploits à longueur de journée. Comme le reconnaissait récemment Thierry Mandon, c’est bien que la gouvernance ultra partisane, prisonnière des aléas des groupes politiques ne fait plus du tout recette. Si bien que personne n’exclut désormais un scénario à l’autrichienne dans notre hexagone pourtant historiquement conservateur.
Il faut dire que l’appareil d’Etat donne en permanence des preuves d’amateurisme. Voire d’une réelle police politique traitant des dossiers selon son bon vouloir. Je l’ai souvent expérimenté mais une illustration récente, le chantage à la subvention et les pressions exercées sur les préfets de région par la ministre de la culture pour arranger les chorégies d’Orange selon son souhait, montre bien un certain degré de voyoucratie. Et quand on apprend dans le journal Libération que des tonnes de « shit » furent introduites en France chaque mois sous les auspices des ministères…Un « homme à la tête du troisième réseau d’Europe en termes de volume de trafic » est au cœur de l’affaire et un témoin explique : « J’entends la politique du résultat, mais pas la fin de l’Etat de droit ». Alors les leçons éplorées de ceux qui couvrent ou participent…
Dans l’Argent, Charles Péguy donne une bonne indication sur ce que doit être notre attitude : « En temps de guerre celui qui ne se rend pas est mon homme, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, et quel que soit mon parti. Il ne se rend point, c’est tout ce qu’on lui demande. » Ils se rendent, reprenons nos libertés !
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