Écrans, batteries, … Bon nombre d’objets de notre quotidien possèdent de l’alumine de spécialité. Cela explique pourquoi la bauxite, qui sert à fabriquer alumine et aluminium, est aujourd’hui considérée par l’Union Européenne comme stratégique.
Pourtant, l’État semble prêt une fois encore à sacrifier cette filière sur notre territoire national. L’usine de Gardanne, qui depuis 125 ans transforme la bauxite en alumine, est sur le point d’être reprise par un groupement guinéen (UMS) avec comme projet d’arrêter la transformation de la bauxite sur place pour importer de l’alumine brute et la raffiner à Gardanne. Coût de la manœuvre : 40 millions d’euros d’investissement et 98 emplois menacés sur 484.
Une autre offre s’était pourtant manifesté. Xavier Perrier, ancien administrateur du site, et Alain de Krassny, patron du groupe fosséen Kem One, se sont entendus autour d’un projet de reprise de l’usine avec l’intention de garder l’intégralité de cette filière stratégique, bien que décriée par les écologistes puisque génératrice des fameuses « boues rouges ». Bémol, pour financer l’opération, les deux Français auraient eu besoin du secours de l’État pour un prêt garanti d’un montant de 50 millions. Requête restée sans réponse d’où le retrait de leur offre mardi 8 décembre 2020.
Le 7 janvier prochain donc, le tribunal de commerce de Marseille devrait valider l’offre d’UMS, à défaut de concurrent. Bilan : une usine française passe sous pavillon africain, une filière d’avenir disparaît de notre territoire, un savoir-faire se perd et 96 salariés vont perdre leur emploi.
Alors pourquoi cette trahison de l’État ? La raison invoquée semble être « écologique ». Fi des efforts consentis par l’usine Alteo de Gardanne pour dépolluer ses boues rouges et limiter, autant que faire se peut, leur déversement en Méditerranée. Rien n’est assez absolu pour les écologistes altermondialistes qui tweetent depuis des smartphones de dernière génération, mais qui refusent que les métaux lourds composants ce dernier soient transformés à moins de quelques milliers de km de leurs lieux de vacances ou de villégiatures. Très présents médiatiquement, la pression qu’ils exercent trouve écho auprès de l’idéologie dominante qui anime aussi les membres du Gouvernement. Qu’importe le sacrifice d’une filière et des emplois qui vont avec puisque « c’est pour la planète » ? Qu’importe que la bauxite transformée continuera de déverser – sans contrôle cette fois – des boues rouges dans les océans puisqu’on a les mains propres localement ?
Altermondialistes et libéraux sont les deux faces d’une même pièce. Pile, attaquer les derniers fleurons industriels français en les accusant de crime de lèse-écologie. Face, délocaliser la filière, après l’avoir soigneusement bradée et segmentée en se débarrassant au passage des encombrants ouvriers français qui travaillaient là depuis des dizaines d’années. Voilà l’écologie telle que le conçoit l’idéologie dominante : produire et polluer à bas coûts dans des pays du Tiers-Monde et laisser venir les populations de ces pays en Europe pour grossir les rangs des chômeurs français.
Merci Macron !