Néonicotinoïdes : le gouvernement Macron pétri de contradictions !

« Il y a des produits estimés dangereux qui sont retirés mais d’autres dont nous ne connaissons pas la dangerosité, qui n’ont pas de produits de substitution ». Bien maladroitement, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation tâtonne, à la recherche d’une argumentation valable lui permettant d’expliquer cette ré-autorisation soudaine des néonicotinoïdes que le gouvernement s’apprête à  prononcer. Alors que ce type de pesticide a été reconnu dangereux pour la survie des abeilles, Stéphane Travert persiste et signe : la réintroduction de cette substance sur le marché français est nécessaire, tant son exclusion, signée par le parlement quelques mois plus tôt, n’est pas en « conformité avec le droit européen ».

C’est une fois de plus par soumission à Bruxelles que pourrait donc s’opérer le retour de cette substance chimique dangereuse dans l’agriculture française. Pour le ministre de l’Agriculture, c’est à ce respect de la législation européenne qu’est conditionnée la santé financière des exploitations françaises ; en outrepassant  ses juridictions absconses, les agriculteurs français seraient alors lésés par une concurrence à laquelle il sera difficile de résister. Discours fallacieux … En inversant ainsi le rapport de cause à effet, Stéphane Travers fait montre d’une posture paradoxale : car c’est bien l’imposition de telles normes européennes, inadaptées à la variété des territoires ou la faculté particulière des exploitations nationales, et non l’inverse, que sera due la difficulté à combattre une concurrence désormais déloyale.

C’est bien le paradoxe qui jalonne le discours des membres du gouvernement comme de son président. « Ce qui est mauvais pour les abeilles est mauvais pour l’homme », avait d’ailleurs déclaré Emmanuel Macron en campagne, soulignant par là-même qu’il ne saurait y avoir de retour possible sur les néonicotinoïdes.  La même contradiction anime le cœur de son gouvernement, tiraillé entre un ministre de l’Agriculture ouvertement favorable à leur retour et la volonté du ministre de l’écologie qui indique que « les interdictions ne seront pas levées ».

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Jacques Bompard alertait déjà le parlement en mai dernier sur les nombreux problèmes qu’avaient rencontrés les apiculteurs à l’issue de ces législations. « En 2013, pour soutenir les apiculteurs, le ministère de l’agriculture s’était engagé à créer une association d’interprofession apicole visant à protéger les abeilles et la biodiversité. Parallèlement, le ministère avait promis l’interdiction des néonicotinoïdes », rappelait-il au détour d’une question écrite. A l’instar de son prédécesseur, le gouvernement Macron, pétri de contradictions et soumis à l’inaction, fera sombrer un peu plus l’agriculture.  

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