Macron : l’ennemi des professions réglementées

Est-ce sous le sceau de l’ignorance ou par servilité à l’égard des marchés qu’Emmanuel Macron compte porter un peu plus atteinte aux professions réglementées ? En France, ces ensembles d’activités professionnelles, dont la réunion est inspirée par des qualifications communes, constituent des maillons essentiels couvrant un large panel – des corps oeuvrant dans le tertiaire (avocat, notaire,…) à celles proposant des services du quotidien (boulangerie,…). Les aptitudes particulières que suggère la fondation de telles maisons sont indispensables à la préservation du savoir-faire français. Une habileté qui puise ses racines dans les jurandes de l’Ancien Régime, dans ces corporations heureuses qui firent rejaillir sur la France le prestige d’un savoir-faire que la qualité a inscrit dans la tradition. Elles sont en cela de véritables échelons subsidiaires essentiels au bon développement de la Cité.

Il n’en fallait pas plus à la gauche pour entériner le grand œuvre de déstructuration de ces professions, estimées menaçantes pour l’État jacobin qu’elle s’est évertuée à consolider cinq années durant. Leur déréglementation fut prônée par une réforme absconse dès 2014. « L’une des mesures phares de la réforme annoncée serait d’ouvrir les capitaux des professions réglementées à des puissances financières privées, indiquait alors Jacques Bompard. Ce faisant, le risque de dérives et de collusions ou d’influence sur les professions jadis réglementées serait bien plus grand qu’à l’heure actuelle », concluait-il justement. Qu’à cela ne tienne : Emmanuel Macron, quittant le confortable siège de secrétaire de cabinet du président s’en allait achever le grand dessein socialiste.

Emmanuel-Macron

A Bercy, le ministre de l’Économie propose une nouvelle révision visant à introduire les professions réglementées dans une concurrence forcenée. « Fluidification du marché » oblige. A l’image de « l’anéantissement »[1] des corporations de métiers souhaité par Le Chapelier en 1791, cette atteinte aux professions réglementées instaure le triomphe d’une économie ne visant plus à la création de richesses mais à l’individualisation du travail, à une autonomie supposée correspondant au schéma globalisant de la vision économique de l’héritier socialiste.

Briser les porte-drapeaux de la tradition est coutumier, parmi l’élite socialiste. Dictées par les plumes technocrates de Bercy, assujetties aux velléités des marchés, les dispositions économiques portées par Emmanuel Macron à la veille de son accession à l’Élysée laissent présager le pire pour la sérénité de ces précieuses coalitions de métiers… A défaut de n’en être qu’un ennemi patenté, le banquier Macron pourrait bien en être le fossoyeur.

[1] Selon le terme même employé par le Chapelier dans son discours à l’Assemblée. Cf. Le révolutionnaire, l’expert et le geek, Gaspard KOENIG.

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