La politique c’est se confronter au réel

Chapelle du GabetQuelques éléments troublants de la vie politique locale m’amènent à une réflexion sur la dictature de l’émotion tenant lieu de doctrine dans certaines réactions catholiques à l’actualité politique. La ville d’Orange vient de refuser d’accueillir des migrants : à près de 300 000 immigrés légaux par an (asile, regroupement familial, immigration classique, etc.) et bien plus en réalité, et vu que les Français alternent de 70 à 95% de refus de l’accueil, en fonction des situations, j’ai jugé que notre ville n’avait pas à s’ajouter un fardeau en plus dans le Grand Remplacement. A cela certains hommes d’Église, si l’on se fie aux journalistes, se demanderaient si j’étais un bon catholique. Ce qui mérite à tout le moins un peu de consternation et une réponse.

Quelques chiffres sur l’immigration en France : en 10 ans Nicolas Sarkozy a fait entrer 2 millions d’immigrés dans notre pays, la tendance s’accentue depuis l’élection d’Hollande qui a décidé de réduire les reconduites à la frontière des clandestins. Les procédures d’asiles coûtent plus de un milliard d’euros par an. Les étrangers résidant en France envoient plus de 6 milliards d’euros par an sur le continent africain. Difficilement estimable, le coût de l’immigration se chiffre en dizaines de milliards d’euros. Nous finançons déjà le remplacement de notre population.

Pour le chrétien, la politique est un service. Un service dû aux aïeux qui lui ont transmis un monde constitué de repères, plus ou moins chancelants, un service à sa famille, corps social de proximité sans laquelle la Nation n’a plus de sens, un service à son Univers, qu’il doit habiter et inspirer tout en ne lui appartenant pas. C’est aussi le service qui entend se soumettre au Magistère sur les questions touchant aux points non négociables et aux lois naturelles.

Benoit XVI a largement exprimé le point de vue de l’Église sur la question des points non négociables, notamment dans son exhortation apostolique Sacramentum Caritatis de février 2007 : « cela vaut pour tous les baptisés, mais s’impose avec une exigence particulière pour ceux qui, par la position sociale ou politique qu’ils occupent, doivent prendre des décisions concernant les valeurs fondamentales, comme le respect et la défense de la vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle, comme la famille fondée sur le mariage entre homme et femme, la liberté d’éducation des enfants et la promotion du bien commun sous toutes ses formes. Ces valeurs ne sont pas négociables. Par conséquent, les hommes politiques et les législateurs catholiques, conscients de leur grave responsabilité sociale, doivent se sentir particulièrement interpelés par leur conscience, justement formée, pour présenter et soutenir des lois inspirées par les valeurs fondées sur la nature humaine. Cela a, entre autres, un lien objectif avec l’Eucharistie (cf. 1 Co 11, 27-29). Les Évêques sont tenus de rappeler constamment ces valeurs; cela fait partie de leur responsabilité à l’égard du troupeau qui leur est confié. »

Il m’est avis que Benoît XVI a senti la nécessité de rétablir les fondements non négociables de la foi car partout dans le monde et singulièrement en Europe, l’anthropologie chrétienne est victime d’assauts incessants. Au moment de sa constitution la droite française voulut clairement écarter les sujets moraux des réalités politiques. Partout où l’Église dépasse son champ d’intervention elle met en péril la crédibilité des clercs et sort des sphères de son infinie sagesse. L’Église nous dit ce qu’est anthropologiquement et spirituellement l’Homme, le foyer et quels cadres heurtent ses cadres de vie. Éloignée de César, elle n’en tolère aucune excuse tant qu’il s’attaque à ses prérogatives.

Aujourd’hui c’est la question du Grand Remplacement qui agite légitimement le questionnement intellectuel chrétien en France et en Europe. Personne n’est en droit de juger des trésors de charité développés par certains croyants pour panser quelques plaies de ceux qui échouent à leur porte. Personne n’est en droit d’encourager ces bonnes volontés à assimiler à notre société des éléments allogènes qu’elle ne peut ni soutenir économiquement, ni accepter sans accentuer une crise identitaire sans précédent qui secoue notre pays. S’il n’est pas de bon ton de le noter, le Grand Remplacement est un véritable poison pour l’avenir de notre pays, car sans remigration et sans arrêt complet de l’immigration, le corps même de notre pays sera irréversiblement altéré.

L’Homme est un animal social qui s’inscrit dans une société grâce à la famille et à la Nation. Sa famille et la Nation lui doivent donc la sécurité : le petit de l’Homme dépérit quand il est seul. Aujourd’hui les déferlements migratoires drainent : insécurité, communautarisme, terrorisme, déséquilibre des comptes sociaux, guerre des races. Les familles et la Nation sont donc confrontées à une violence extrême : celle de ne plus assurer leur vocation première auprès de leurs descendants.

Ceux qui ne voient la France seulement comme une idée versent immédiatement dans une idéologie dont chacun connait les travers criminogènes : une Nation est un composé de familles partageant des critères civilisationnels et naturels en commun. En France, l’identité est, de fait, chrétienne, et le fond intellectuel, un savant mélange entre Athènes, Rome et les peuples celtes. Le génie européen fut justement d’encastrer des blocs d’origine étrangère dans une organisation intellectuelle et humaine homogène. Mais cette capacité et cette grandeur n’ont pas d’avenir dans un magma de communautés disparates et adverses se disputant les territoires, les normes et les attentions. En un mot il faut être aussi déraciné qu’un directeur du FNJ pour considérer qu’on puisse faire des Français avec une masse d’êtres bleus à pois verts.

Or l’Église ne porte aucune idéologie, elle est un enseignement de confrontation du réel pour sa sanctification et le salut des âmes. Elle incite également à ne pas tomber dans l’ornière moderne de l’émotion et de la sidération pour considérer l’état de la société avec la vertu de prudence. Et la prudence aujourd’hui nous invite à ne pas inciter des familles à continuer à se noyer dans la Méditerranée. Et la prudence aujourd’hui nous invite à ne pas magnifier un prochain lointain quand des millions de Français constituent un quart-monde délaissé et méprisé.

La réalité doit donc bien être traitée par la prudence, et non par le cynisme. Aussi est-il crucial de considérer les grands équilibres mondiaux, les visées terroristes de certains groupes, les explosions démographiques de certains continents, les violences d’un cosmopolitisme affranchi de toute considération pour l’être humain. Par exemple, l’angélisme d’un certain clergé a été largement battu en brèches par nombres de représentants politiques chrétiens et mêmes de clercs.

Je note que des évêques d’Europe centrale n’hésitent pas à prévenir l’Europe du danger que court notre Civilisation devant le Grand Remplacement et l’islamisation. Ainsi l’évêque de Varsovie déclarait le 5 septembre dernier : « L’Europe va devenir musulmane, il ne peut y avoir aucun doute. Si les tendances ne se modifient pas, si le taux de natalité européenne demeure si faible qu’il reste en deçà du taux de remplacement, l’Europe deviendra musulmane et les chrétiens joueront alors le même rôle qu’ils jouent actuellement au Moyen-Orient. Dans une mer de musulmans, il y avait toujours des petites communautés chrétiennes, qui ont survécu. Bien qu’aujourd’hui, à l’heure actuelle, elles ne sont même plus en état de survivre ».

L’Eglise nous apprend à convertir nos cœurs.

 

L’Etat, incarné par les hommes politiques, a pour but le bien commun de la France. Il nous enseigne de partir de données, d’expériences et de grandes tendances pour nous assurer que ce monde ne soit pas à ce point défiguré qu’il complique dramatiquement la foi et la vie des Hommes.

Nous sommes en droit de penser aujourd’hui que l’invasion migratoire maquillée à dessein en seule urgence humanitaire est un mensonge et une blessure de plus dans une mondialisation oublieuse des Hommes et des Nations qui les protègent.

Ne confondons pas la morale et la politique, sans quoi le christianisme devient un totalitarisme.

 

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