Il nous faudrait aujourd’hui célébrer la journée de la laïcité. Une journée qui ne manquera pas, à six mois des élections présidentielles, de mobiliser les penseurs partisans et les militants philosophes. Les uns se distingueront par leur gravité en défendant un grand principe, les autres galvauderont cette rudesse pour prôner l’admission du multiculturalisme. Du Front National au Parti de gauche, chacun finira par se retrouver dans la messe laïque d’une loi de 1905 délié de son contexte et de ses conséquences.
Il faut dire que le public n’aura cessé de subir les incantations sur la merveille du modèle français. Son intransigeance semblerait d’ailleurs être la seule rigueur qu’il soit envisageable d’imposer à nos contemporains. Pourtant, la laïcité à la France ne convient plus à personne. Les débats hallucinants sur le Burkini l’ont suffisamment démontré cet été.
D’évidence, les souffrances liées au Grand Remplacement et à l’islamisation dans notre pays ne font que raviver cette question. Chacun voit bien qu’une communauté dont les cadres ne confessent pas la religion républicaine peut parfaitement résister aux exigences de la loi de 1905. Mais est-ce cela qui pose problème ? Je ne le crois pas. Je pense que l’islam n’appartient pas spirituellement à l’Europe comme le résume parfaitement Viktor Orban et que si certaines époques islamiques eurent du génie, elles l’exercèrent à Babylone, Ispahan ou Damas et certainement pas aux alentours d’Aix La Chapelle. Aussi, une laïcité fruit d’un combat entre les catholiques français et les athées militants de la III ème République s’établit elle comme une solution, éminemment discutable, dans notre cadre national. Mais certainement pas comme une ambition universelle, au surplus capable d’assimiler des génies allogènes.
Il est frappant de voir les solutions aujourd’hui proposées. Elles consistent toutes à sortir du cadre de la neutralité de l’Etat vis-à-vis des familles et de la société. Ainsi la proposition d’interdiction des « prédications subversives » de Nathalie Koscisko Morizet débattue il y a quelques semaines. La député y proposait tout de même de châtier les sermons qui remettraient en cause les principes constitutionnels. Imaginez les peines encourues par un curé qui oserait citer Bossuet et Maistre dans son sermon. Cela fait longtemps que les élus de tous partis, et ce jusque dans les villes du Front National, pactisent avec les communautés musulmanes pour constituer des clientèles électorales. Contourner la loi de 1905 est donc un jeu d’enfant. Affirmer vouloir conserver une certaine homogénéité des principes et des inspirations fondamentaux de notre Nation peut conduire très rapidement devant les tribunaux médiatiques ou républicains…
Une autre voie est pourtant possible. Culturellement dans un premier temps, et demain, politiquement. C’est celle du privilège chrétien. C’est-à-dire celle qui reconnait le fait historique de la constitution de la Nation française grâce à la religion chrétienne. En effet, si chacune est libre de ne pas considérer notre pays comme éternellement baptisé, il n’en reste pas moins que c’est des tensions entre la religion et le pouvoir, entre les Francs et les évêques que naquit la Nation Française. Et que cette tension n’a jamais fini de façonner notre conception de l’indépendance des familles, de la reconnaissance des singularités locales, voire parfois citadines, et enfin de notre rapport à l’univers.
Aussi ne doit-on pas se satisfaire de l’évidence des racines chrétiennes de la France. Nous devons investir le legs que nos presque deux millénaires d’histoire chrétienne nous ont dotés. Comment l’Eglise française sut conserver les rites païens ? Comment nos rois et nos peuples surent ils faire voguer la France des mers arctiques aux ports de Tripoli ? Comment le génie français s’imposa-t-il au cœur de la chrétienté ? Ces éléments de notre Histoire font mieux que nous informer. Ils disposent de notre capacité à être nous-mêmes.
Répliquons donc aux hérauts de la déconstruction que nous sommes des héritiers assumés et décomplexés. De ces héritiers qui préfèrent contrevenir aux démons du bien afin de restaurer les conditions d’un avenir national.