Il faut admirer l’optimiste de ces parlementaires français, qui déclaraient encore il y a quelques jours : « l’État Islamique est sur le point de mourir ». Avec chaleur, on se congratule dans l’Assemblée des interventions armées d’assauts menés avec une timide parcimonie par la Coalition internationale.
A Mossoul, où le combat fait rage, l’armée irakienne est confrontée à des vagues successives de terroristes qui l’assaillent sans relâche pour la conduire à l’épuisement. Là-bas, les 100 000 soldats de l’armée, les milices paramilitaires chiites et les Peshmergas kurdes, n’arrivent à venir à bout des 50 000 terroristes qui sans cesse se relaient et attaquent les forces armées à deux heures du matin, sortant en « vagues percutantes » de réseaux souterrains soigneusement entretenus…
A Mossoul, l’armée irakienne fait face à une guerre civile sans précédent, qu’aucunes forces spéciales dans le monde ne pourraient juguler, a souligné le porte -parole du Service de lutte contre le terrorisme, Sabah al-Numani. Une nouvelle forme de combat, où les djihadistes utilisent des civils fondus dans la foule, auxquels ils ont imposé leur code vestimentaire ; où les terroristes islamiques, perclus cachés dans les quartiers résidentiels, surprennent les forces spéciales irakiennes à l’aide de snipers ; où derrière les habitants se cache un potentiel djihadiste prêt à commettre un attentat-suicide à chaque instant.
Il faut donc admirer ces parlementaires qui se félicitent de la promptitude avec laquelle la Coalition parviendrait bientôt à mettre un terme à l’Etat Islamique. Les forces spéciales iraquiennes, qui voient les quartiers pris hier tomber aux mains des combattants du Califat le lendemain, n’ont pas leur optimisme.
Quand bien même l’Etat Islamique tomberait, faut-il avoir l’outrecuidance de leur rappeler que les nombreuses associations terroristes, qu’il s’agisse du Jabhat Fatah al-Sham ou d’Al-Qaïda, sont toujours à l’œuvre sur les fronts irakiens et syriens ? Faut-il avoir l’impudence de leur rappeler que la conduite de certains membres du gouvernement français, ayant bénéficié des subsides d’une Arabie-Saoudite encline à appuyer ceux qu’il a longtemps appelé « rebelles modérés », contribue à la persistance de ces terroristes au Proche-Orient ?
Et à l’ombre des quartiers de Mossoul, les réjouissances de l’Occident sonnent comme un aveu d’ignorance, tout négateur du réel.