Pesant 500 000 emplois directs et indirects sur l’ensemble du territoire national, la filière viticole est en grande difficulté. La fermeture des hôtels, bars et restaurants pendant 3 mois aggrave une situation déjà critique depuis la surtaxe de 25% imposée par les Etats-Unis en représailles d’une guerre commerciale entre Airbus et Boeing.
Taxes + pandémie
En Vaucluse, terre bénie des Côtes-du-Rhône, cette convergence de la politique internationale et de la pandémie est extrêmement préoccupante après des années de calamités agricoles (sécheresse et flavescence dorée). 6000 emplois directs sont en jeu dans ce département qui, rappelons-le, est l’un des plus pauvres de France et dont le vin est l’une des rares richesses. La moitié de la surface agricole du Vaucluse est dédiée à la vigne.
Les estimations sont catastrophiques. L’organisation internationale du vin prévoit une baisse de 50% en valeur des ventes en Europe. Pire, même les ventes par l’intermédiaire de la grande distribution ont chuté de 13% lors du confinement en France.
Dans cette situation, la profession réclame un plan d’aide à Bruxelles et à Bercy chiffré à 500 millions d’euros. Surtout les entreprises du secteur ont demandé une exonération des charges comprises dans le coût du plan de soutien. Le 11 mai, le gouvernement a annoncé sa stratégie en divisant toutes les demandes par deux. Quant au contentieux américain, il demeure en suspens.
C’est ici le point d’achoppement. Face à une politique américaine protectionniste, dans un contexte de tension commerciale, l’Union européenne s’avère incapable de remettre en cause ses dogmes idéologiques pour répondre aux sanctions unilatérales des Etats-Unis. Pire, le seul commissaire Français à Bruxelles, Thierry Breton, consacre toute son énergie à saper toute possibilité de souveraineté commerciale et économique comme il l’a déclaré à la presse. Du côté du commissariat européen à l’agriculture, le Polonais Janusz Wojciechowski a lancé un avertissement aux ministres européens le 13 mai sur le strict respect du marché unique, s’opposant notamment aux mesures favorisant la consommation locale.
Des Français pour les emplois
Enfin, et surtout, cette crise révèle que l’un des derniers pans de notre économie repose sur la main d’œuvre étrangère. En effet, nombre de nos exploitations agricoles sont en pénurie de travailleurs, lesquels proviennent souvent d’Espagne, d’Europe de l’Est, d’Afrique du Nord et même d’Amérique du Sud. Deux causes à cela : un coût trop élevé du travailleur français et le manque de candidatures. Ce constat doit nous engager à promouvoir une révolution culturelle qui consisterait non seulement à relocaliser totalement l’économie, c’est-à-dire la production et la consommation mais aussi l’emploi. Il faut défiscaliser le travail pour l’employeur et l’employé, et relancer la valorisation et la reconnaissance des métiers de la terre qui souffrent d’une désaffection dangereuse. Ce n’est pas qu’une simple question de commerce et de gros sous. C’est aussi la préservation d’un savoir-faire et d’un patrimoine qui est en train de disparaître sous nos yeux.