On croyait le sujet reporté aux calendes grecques, mais il n’en est rien. Au contraire, profitant de l’état d’urgence sanitaire et du chaos de la gestion de la Covid-19, le rapporteur de la loi bioéthique Jean-Louis Touraine a mis les bouchées doubles pour faire avancer son texte et valider une suite d’amendements d’une portée transgressive extraordinaire pour qui a encore un peu de conscience.
De tels sujets sont débattus en toute discrétion et dans la précipitation justement pour éviter le sursaut des esprits. Les textes sont préparés en amont et soumis aux parlementaires dans une urgence organisée : 1 500 amendements ont été soumis à leur examen en 3 jours ! La navette est revenue du Sénat le 5 février, mais les membres de la commission ont été avertis le 1er juillet de nouvelles dispositions.
La PMA non-médicale intégralement remboursée
La commission pilotée par le rapporteur LREM a détricoté la semaine passée tous les garde-fou frileusement mis en place par le Sénat. L’article premier stipulant que « nul n’a de droit à l’enfant » a été immédiatement retiré. De la même manière le remboursement de la PMA (procréation médicalement assistée) sans motif médical a été rétabli. On voit l’urgence de l’utilisation de l’argent public.
Dans un pays qui manque cruellement de médecins et dont l’hôpital public peine à remplir ses missions, la crise sanitaire ayant fait apparaître les terribles lacunes de notre système de santé, le seul impératif de ces députés idéologues est d’inventer de nouveaux besoins non-médicaux subventionnés par la sécurité sociale. La France manque de respirateurs artificiels dans ses unités de réanimation, mais l’important pour ces gens-là est d’assurer la PMA et à terme la GPA pour tous les couples que l’imagination peut inventer : « un homme devenu femme qui aurait conservé ses spermatozoïdes pourrait les utiliser si elle se mettait en couple avec une autre femme », vante la députée LREM Laurence Vanceunebrock dans le Figaro.
La création de chimères homme-animal
Pire, le texte a ouvert une véritable boîte de Pandore en autorisant par exemple l’insertion de cellules-souches humaines dans des embryons animaux ! L’eugénisme avance aussi à marche forcée avec la validation du DPI-A, un test génétique permettant de vérifier le nombre de chromosomes de l’embryon dans le cadre de la PMA.
Bref, le monde d’après, c’est celui-ci : l’enfant à naître ne sera qu’un objet de fabrication industrielle comme les autres. Bientôt, la filiation naturelle ne sera qu’une obsolescence tolérée sur le nouveau marché des enfants devenus simples objets de consommation achetables et jetables.
« Nous n’assistons pas à la fin naturelle d’une grande civilisation humaine, mais à la naissance d’une civilisation inhumaine qui ne saurait s’établir que grâce à une vaste, à une immense, à une universelle stérilisation des valeurs de la vie. Car, en dépit de ce que j’écrivais tout à l’heure, il s’agit beaucoup moins de corruption que de pétrification. » Ces mots de Bernanos dans La France contre les robots sont d’une clairvoyance redoutable. Pour pourrir, encore faut-il vivre. Nous n’en sommes plus là. L’homme devient un objet comme les autres. Si nous ne nous réveillons pas, ce n’est pas le cimetière qui nous attend mais les rayons de supermarché. Le matérialisme aura alors atteint sa tautologie mortifère et l’humanité ne s’en relèvera pas.