A chaque fois, la même logique antinationale s’applique. Moins l’Etat est souverain, plus il devient totalitaire. Faible avec les forts du moment, il devient intrusif et autoritaire avec ceux qui appliquent les règles. Le projet de loi contre le séparatisme islamiste en est une nouvelle illustration. Enfin, il paraît qu’il n’est plus question de séparatisme déjà. En guise de remèdes, on se retrouve avec une nouvelle attaque en règle contre les libertés, la promotion de l’enseignement de l’arabe, des clins d’œil hypocrites à l’islam, et une opération électoraliste téléphonée qui ne sauvera pas la France des périls qui la menacent.
Pour reprendre une pensée synthétique d’Eric Zemmour, tous les problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islamisme. Et quand l’Etat se décide à agir, il est souvent trop tard. Du coup, ses réactions sont brutales et arbitraires. Pour les équilibrer en retour, l’Etat décide donc de s’en prendre à la majorité autochtone, devenue simple variable d’ajustement pour éviter la victimisation excessive des minorités ethniques et religieuses, et prétendre ainsi à une égalité de traitement au risque de l’injustice.
Contre l’école libre
Le cas se démontre avec les mesures annoncées par Emmanuel Macron dans le cadre de la lutte contre le séparatisme islamiste. Au lieu de cibler le mal à sa racine, l’Etat décide de s’en prendre à la liberté d’enseignement et dans la lignée des pires méthodes totalitaires de retirer aux familles l’éducation des enfants en obligeant la scolarisation dès l’âge de 3 ans. Faisant fi de l’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, reconnue par la France et stipulant que « Les parents ont par priorité le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants », l’Etat place dans son viseur l’instruction à domicile, les écoles hors-contrat des cours Montessori aux instituts catholiques et israélites. Cela concerne environ 80 000 élèves en France. Ce n’est pas anodin, et même si des exceptions sont déjà envisagées, l’usine à gaz réglementaire est déjà mise en route. Finalement, l’islamisme apparaît comme un heureux prétexte à une mainmise renforcée de l’Etat sur l’instruction des enfants, laquelle n’est pas sans susciter de légitimes interrogations tant sur le niveau scolaire que sur l’idéologie véhiculée.
L’arabe plutôt que le français
Pire, alors que l’objectif théorique est d’éviter le communautarisme nouvellement renommée séparatisme, le ministre de l’Intérieur ne trouve rien de mieux que de promouvoir l’enseignement de l’arabe à l’école. Comme le relève François-Xavier Bellamy, si l’Education nationale doit enseigner une langue, c’est avant tout le français, non seulement à cause du niveau désastreux de la lecture et de l’écriture des jeunes élèves, mais aussi parce que c’est le plus sûr ciment de la cohésion nationale. Une langue, c’est une culture, une manière de penser, un véhicule privilégié de transmission de la civilisation. Enseigner l’arabe à l’école ne fera que renforcer le sentiment de double appartenance culturelle sans éloigner l’enseignement religieux islamiste qui verra son champ d’action s’élargir.
D’ailleurs, on peut se demander quel jeu est suivi par le gouvernement quand le même ministre déclare que l’islam est « la religion qui aura le moins de difficulté à travailler avec la République ». Quel sens donner à ces paroles ? Les autres religions sont-elles visées en miroir ? A Tourcoing, comme maire, Gérald Darmanin a signé les permis de construire des mosquées comme le rapporte Le Figaro du 2 octobre. Comme vice-président de la Région Hauts-de-France, il a été l’un des principaux promoteurs à Lille avec Xavier Bertrand du Lycée Averroès proche des Frères musulmans et financé par le Qatar comme l’ont révélé les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot.
Soumission
Vouloir laïciser l’enseignement de l’arabe et nationaliser la prédication de l’islam en France est à la fois un aveu d’échec et une entreprise de soumission l’islam, et par là-même à l’islamisme qui n’est que « sa traduction idéologique actuelle » selon le mot du professeur Bernard Rougier. D’une part, l’Etat abandonne totalement la perspective de l’assimilation des immigrés musulmans et, devant leur nombre, entérine de fait le communautarisme. Pour éviter de perdre totalement le contrôle des individus et des territoires, l’Etat valide la compromission et tente d’arracher une légitimité à des populations qui se défient de lui, en attendant de prendre le pouvoir effectif. Cette stratégie du « en même temps » ne marchera pas avec l’islam, projet total, à la fois religieux et social, dans lequel la distinction moderne du privé et du public n’existe pas. De plus, l’islam est directement un projet politique universaliste et prosélyte en concurrence directe avec la République. Le rapport de forces est d’ailleurs permanent, et il est en train d’être gagné par les franges islamistes radicales et « modérées », lesquelles utilisent intelligemment la dialectique libérale de l’islamophobie pour promouvoir un agenda islamiste (cf. Les territoires conquis de l’islamisme – PUF) et faire pression sur la société et le pouvoir politique.
L’islamisme est un enjeu électoral
Enfin, ce que prouve ce projet de loi, c’est l’enjeu électoral que représente la lutte contre l’islamisme. « Personne n’est dupe en effet quant au calendrier de cette loi, qui devrait être votée quatre mois avant l’élection présidentielle d’avril 2022 », écrit Le Figaro. « La République en actes » que veut vendre le gouvernement n’est que le reflet de l’inaction passée et des contradictions idéologiques du prêt-à-penser. L’islamisme est la conséquence naturelle de l’importation massive de peuples étrangers, venus avec leurs us et coutumes, jusqu’à remettre en cause l’équilibre de la démographie. La tentative de trouver un compromis ressemble à s’y méprendre aux efforts désespérés de la IVème République confrontée aux débuts de la guerre d’Algérie.
Et les causes ?
Emmanuel Macron déclare : « Le problème, c’est le séparatisme islamiste. Ce projet conscient, théorisé, politico-religieux, qui se concrétise par des écarts répétés avec les valeurs de la République, qui se traduit souvent par la constitution d’une contre-société… » Il a raison bien sûr, mais il s’arrête là, et, plutôt que de remonter aux causes, préfère énumérer des attitudes manifestes de la prégnance de ce courant dans le pays au point d’en troubler les mœurs publiques. Aucune remise en question de l’immigration, du regroupement familial, des territoires accordés de fait par l’Etat qui continue de subventionner grassement la cause matérielle de ce qu’il dénonce. La géographie internationale de l’islamisme nous renseigne parfaitement par exemple sur les foyers de diffusion algériens du salafisme, lesquels prospèrent grâce à l’immigration et au ralliement des populations de culture musulmane nouvellement arrivées en France.
Cette schizophrénie politique de l’Etat renforce l’islamisme qui peut jouer sur les deux tableaux de l’exigence et de la victimisation.