Communiqué de Joëlle Eickmayer, ancienne directrice d’école et adjointe au maire d’Orange
Les derniers événements nous avaient fait oublier que la gauche demeure un syndicat professionnel de l’indignation sélective et de la victimisation sans raison.
Preuve en est avec la publication coup sur coup d’un communiqué de la FSU 84 (syndicat d’enseignants de gauche) et d’un papier de Sigolène Vinson dans le journal-martyr Charlie Hebdo.
Sans être naïve, je m’étonne pour le coup d’un article vitupérant « les affiches honteuses du maire d’Orange » par les héritiers d’une rédaction décimée par les terroristes islamistes en 2015 ! Mieux, la version en ligne s’indigne des placards orangeois entre un article sur l’islamisme et un autre sur la liberté d’expression. Cohérence, quand tu nous tiens !
Ceci étant, ne sera-t-on pas surpris aussi de voir des confrères de feu Samuel Paty s’indigner des affiches qui portent sa mémoire ?
Extrait : « Certaines affiches ont même été posées à proximité d’établissements scolaires, à la vue d’élèves s’y rendant (…). Elle a profondément choqué de nombreux enseignants, qui s’apprêtaient en outre à organiser, avec leurs élèves, l’hommage à leur collègue Samuel Paty ». Si l’on en croit la FSU, qui ne cache pas ses liens étroits avec les élus communistes de l’opposition, ce sont les affiches de la Ville qui sont choquantes et non la décapitation de Samuel Paty. Ce qui enfreint les « principes de neutralité et de laïcité de l’Ecole républicaine », toujours selon la FSU, c’est Jacques Bompard, mais absolument pas les quelques 400 violations de la minute de silence recensées (donc minorées ?) par le ministère de l’Education nationale lors de l’hommage à Samuel Paty… A un moment, faut arrêter la tisane aux herbes, et redescendre sur terre !
“Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances”, décrit parfaitement Marcel Proust, et il semble bien que la gauche la plus bête du monde préfèrera toujours le déni à la réalité.
D’ailleurs le reportage de Charlie Hebdo est instructif, car il met en scène la confrontation entre une journaliste débarquée du train avec la malle de ses a prioris et des Orangeois croisés dans la rue : lesquels de tous âges, de toutes classes et de toutes origines répondent avec simplicité et bon sens aux sous-entendus d’une ancienne avocate devenue juge politique le temps d’un exil hors de Paris. A vouloir tirer les vers du nez, une passante, accompagnée de sa mère, lui répond franchement : « Le message, il n’y en a qu’un : on ne tue pas des gens. Surtout au nom d’une religion qui est la mienne. Je suis venue en France pour fuir la misère du Maroc. Mais pas seulement, je suis venue en France, pour y être libre… »
Le souci des gauchistes, c’est qu’ils sont bourrés de bonnes intentions mais qu’ils ne savent pas de quoi ils parlent. Ça cause pauvreté et discrimination, mais ça n’écoute pas les concernés. A l’arrivée, les bons sentiments dégoulinent en condescendance, laquelle retrouve rapidement le visage du mépris quand elle ne rencontre pas l’adhésion immédiate.
Bref, ce que reprochent avant tout la FSU et Charlie, c’est que ces affiches soient apposées dans les rues d’Orange à l’initiative de Jacques Bompard. Tolérance et liberté d’expression, oui, mais à sens unique. La gauche ressemble à s’y méprendre aux bourgeois du XIXème siècle : on promeut la charité, mais on ne pratique pas. Finalement, les derniers bourgeois terminent à gauche. Quelle ironie !