Présidentielle : l’oligarchie médiatique va-t-elle subir un nouvel échec ?

« Ils avaient annoncé le maintien du Royaume-Uni dans l’Union Européenne et la victoire d’Hillary Clinton à l’élection présidentielle américaine », écrivait une plume de France TV info au lendemain de l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. « Une fois de plus, les instituts de sondages se sont trompés », continuait-on dans les colonnes du site d’information. Après la victoire du Leave et la cuisante défaite de Clinton, l’omission maladroite du journaliste résonne comme un aveu d’échec. S’il est vrai que « les sondages ne peuvent plus prédire le fonctionnement de la démocratie moderne », comme le soulignait le journal britannique The Independant au sortir de l’élection américaine, force est de constater que les médias de l’oligarchie se sont particulièrement mépris sur les résultats des dernières campagnes politiques.

Le soir du 8 novembre, les grands médias se réjouissaient déjà du passage de la candidate démocrate. D’un ton badin, les plumes de Libération rapportaient avec délectation les propos ironiques du New York Times : «Les chances qu’Hillary Clinton perde l’élection sont équivalentes à la probabilité qu’un joueur de la NFL [le championnat national de football américain, ndlr] manque une transformation à 37 yards [33 mètres] soit environ 15% ». Le lendemain, la une désolée du quotidien, sous-titrée « Trumpapocalypse », était nettement moins triomphante.

A l’aube de l’élection présidentielle française, c’est un écueil similaire qui semble se profiler à l’horizon. Agglutinés aux sondages, les hâbleurs médiatiques s’enchainent, décryptent, présument, de l’issue d’une élection dont ils n’ont guère réussi à deviner les candidats. De « Benoît Hamon, vainqueur inattendu de la primaire à gauche » (Le Monde) à la très « grosse surprise de la victoire de Fillon » (Sud Ouest), les journalistes ont encore surestimé leur capacité d’influence. A la veille des primaires de la droite, les grandes unes de la presse se prononçaient largement en faveur d’un Alain Juppé devenu pour certains d’entre eux le « papy cool » plébiscité, pour d’autres le garant d’une « Juppémania » sortie de l’invention des exégètes redoutant le retour de Nicolas Sarkozy chez Les Républicains.

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Malgré ces défaites répétées, les médias de l’oligarchie ne renoncent pas à leur pouvoir d’influence, qu’ils croient encore doué de redoutables facultés. Matraquage médiatique massif, à l’égard des « affaires » de François Fillon, dont on néglige de souligner qu’elles sont le lot commun des officines partisanes. Un battage tonitruant, à l’intention de tout ce qui pourra nuire aux prétendants supposés incapables de faire triompher les mesures plébiscitées par la bien-pensance… Ou aptes à pérenniser la mangeoire nécessaire à la survie du racolage médiatique. Beaucoup de bruit pour rien, en somme, alors que de l’immigration au Bien commun disparaissent du débat les éléments qui devraient jalonner les discours du prochain président de la République…

Les dernières nouvelles de la campagne présidentielle s’annoncent de mauvais aloi pour la grande presse. Versatiles, les scribouillards du « soft power » ont changé de chouchou à la dernière minute. Des unes amourachées d’un Emmanuel Macron annoncé comme le messager du changement, le penchant médiatique se tourne désormais vers le candidat des Communistes. Là, on salue ses réunions rameutant les foules, ici, les hologrammes « audacieux » et l’esbroufe bruyante. A l’heure où grondent les échos sourds d’une colère française légitime, il se pourrait bien que leurs présages ambitieux se révèlent un nouvel échec de la pensée médiatique « bon-ton ». Un discours dont les Français, de plus en plus soupçonneux à l’égard de cette presse aux ordres, ne supportent plus le diktat. Bon vent !

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