Dans son édito, Laurent Joffrin dévoile une sincère inquiétude. La droite française tournerait nationale et libérale. Ô crime ! Nicolas Sarkozy rappelle qu’il faut que la France reste la France ? Une logique identitaire déplorable. Quelques membres des Républicains affirment qu’il faut simplifier l’économie et mettre un terme au racket fiscal ? Populisme. Décidément les étiquettes circulent vite dans les grandes rédactions, lesquelles, étrangement, s’étalent entre le 8 ème et le 13ème arrondissement de Paris.
Mais les Français n’entendent plus les balivernes des éditocrates. A l’ère du vide qu’on leur vendit inlassablement, ils préfèrent désormais un univers du plein. De l’identité, des normes, une civilisation, de l’ordre : voilà ce qu’ils réclament pour échapper au zigzag infernal de la crise. Ils ne diffèrent d’ailleurs que peu de leurs voisins. Les Autrichiens ont voté massivement pour le FPO, les Anglais veulent sortir de l’appétit normatif de la commission de Bruxelles, les Hongrois, les Croates et les Tchèques travaillent à une démocratie non libérale. Tout le monde sait que ce sera la solution face au mondialisme et à l’univers libéral-libertaire.
D’un côté la gauche de la gauche veut se raccrocher au progressisme, à la construction d’un homme nouveau pour proposer un autre modèle. De l’autre la droite tente de s’unir, difficilement, pour qu’un bloc intellectuel émerge. Tout son souci est de privilégier l’union des factions et des courants plutôt que l’union des droites par la base, par des électeurs largement exaspérés par les structures officielles !
Analysant le vote autrichien fin mai, l’IFOP avançait : « Dans un pays qui, au regard de sa population, 8,5 millions d’habitants, a accueilli un nombre très élevé de migrants (90.000 en 2015), ce sujet est revenu en boucle et ce climat a vraisemblablement favorisé une polarisation entre les deux formations les plus antagonistes sur cet enjeu : le FPÖ, hostile à l’accueil, et les Verts, favorables1. Le SPÖ et l’ÖVP, au positionnement moins clair sur cet enjeu et fragilisés par ailleurs par le bilan gouvernemental, ont été durement sanctionnés. On peut penser par ailleurs que la déclaration de Heinz Fisher, président social-démocrate sortant, selon laquelle « en 2015, le nombre des demandes d’asile déposées en Autriche avait dépassé celui des naissances », n’a pas fait de bien à son camp et a alimenté le vote en faveur du FPÖ en venant nourrir la crainte du « grand remplacement ». »
C’est ce que Nicolas Sarkozy méconnaît au sujet de l’identité nationale : il y voit une possibilité de discours quand c’est une complète reconfiguration du mode de mise en place politique qui s’impose. Respect de la vie, droit au travail, cohérence politique et solution à la crise identitaire, voilà ce à quoi nous devons appeler les électeurs. Et cela passera forcément par les hommes plutôt que par les organisations aussi poussiéreuses qu’inefficaces.