Flambée des prix : une conséquence du monopole des supermarchés ?

Dans son dossier du jour, Vaucluse matin se concentre sur la flambée des prix constatée depuis le début du confinement. Pourtant, la consommation des Français en produits alimentaires a augmenté de 6% au cours de la dernière semaine. Une aubaine pour certains ?

Le confinement, la nécessité de faire des courses de manière plus espacée, la crainte de la pénurie incitent mécaniquement les clients à moins regarder à la dépense et à se recentrer sur des achats dits de première nécessité. Si les produits du quotidien demeurent à des prix stables, les chiffres s’envolent sur les fruits et légumes. D’aucuns désignent déjà le protectionnisme agricole de nécessité comme la cause de cette augmentation.

Les productions françaises en cause ?

Certes, il est notoire que les productions françaises coûtent plus chères que des importations en gros de ces pays où la qualité, les normes environnementales, les droits sociaux et les charges ne sont pas les mêmes. Pour les fruits et les légumes, on pense à l’Espagne, au Maroc, voire à l’Amérique du Sud.

« Plus de la moitié de notre consommation de fruits et légumes est importée », précisait déjà en 2019 l’interprofession des fruits et légumes frais par la voix de Daniel Sauvaitre. Ce dernier appelait à une baisse de la TVA sur certains produits pour rétablir l’équilibre. Peut-être est-ce une idée à retenir pour soutenir nos filières en difficulté ? D’autant qu’elles sont toujours confrontées, d’après les échos que j’en ai, à la morgue des centrales d’achats.

Le recours aux filières françaises affiché à grands renforts de communication pendant le confinement demeure très symbolique selon les régions. Beaucoup de paysans ne peuvent référencer leurs produits faute de s’aligner sur des ventes à perte dans un contexte déjà tendu.

Pourtant, « le panier moyen a progressé de 89% dans les supermarchés et les hypermarchés », relèvent les instituts spécialisés. Il y a donc un marché juteux dont certains profitent à plein, jouissant d’un monopole de fait.

L’interdiction arbitraire des marchés

Depuis l’interdiction des marchés couverts et ouverts, hors quelques menues dérogations, l’unique débouché des produits frais et alimentaires est la grande distribution. Cette suppression pure et simple de toute une filière économique a inévitablement des répercussions sociales pour ceux dont c’est le secteur d’activité, mais aussi pour le consommateur redirigé de force vers les trusts de l’agroalimentaire.

Sur quelle base sanitaire repose concrètement l’interdiction des marchés de plein air par rapport aux grandes surfaces et même aux supérettes ? La distanciation des étals ? Les gestes barrières ? Le respect d’une affluence minime ? Tout cela est possible à mettre en place sur un marché adapté, respectueux des normes. Nous y avions travaillé à Orange, par exemple.

Je dois le dire : je ne comprends pas cette décision arbitraire d’interdire les marchés. On ne cesse de nous rapporter des cas dans les grandes surfaces où l’affluence n’est pas contrôlée dans les rayons, où les gens touchent tous les légumes sans protections, où les risques dans des endroits fermés et parfois humides sont encore plus grands que sur n’importe quelle place de village entre un maraîcher et un charcutier.

Cette unicité de l’offre, pour le producteur comme pour le consommateur, est une menace pour la modération des prix. Si quelques enseignes se sont engagées à des mesures de soutien en vendant à prix coûtant, la plupart refusent de geler les tarifs sur les produits frais.

Il faut que l’Etat cesse de juger en fonction de ses rentrées fiscales, et qu’il revoie sa copie avant que ne sombre toute la filière des petits commerçants indépendants.

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