Est-ce à un nouveau scandale médical que nous prépare l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ? Mardi dernier, l’officine étatique remettait à ses experts un rapport sur le délicat dossier du docetaxel, ce traitement des laboratoires Sanofi destiné à annihiler le risque de récidive du cancer du sein. Au siège de l’ANSM, les quelques dizaines de centres français de pharmacovigilance qui participent à la réunion n’ont pas reçu le rapport au préalable…
Au lendemain de la réunion, l’ANSM annonce dans un communiqué le bilan contestable du médicament, dont on soupçonne qu’il a engendré la mort de 48 patients. Soit 21 morts de plus qu’annoncé dans le rapport. Confrontés à cette irrégularité, des experts soulignent leur incompréhension : « C’est un rapport tellement mal fait qu’il y a de quoi devenir dingue », confiait l’un d’entre eux au Figaro vendredi[1].De son côté, l’ANSM n’a pas souhaité s’exprimer sur cette flagrante disparité.
Les médecins dénoncent les effets secondaires du docetaxel depuis de nombreuses années. « Depuis 2010, nous savons que les malades souffrent beaucoup plus qu’avant des effets du docetaxel », insiste Céline Lis-Raoux, directrice de la rédaction de Rose Magazine, semestriel qui mène une enquête sur le traitement. Chocs septiques, colites, morts,… : tels sont pourtant être les effets « indésirables » d’un traitement dont l’impact semble affecter davantage de personnes que ne veut bien l’admettre l’ANSM.
Sans interdire ni plébisciter le docetaxel, l’Agence Nationale de Sécurité du médicament et des produits de santé paraît une fois de plus se dédouane de sa mission première : protéger les consommateurs de produits dont on découvre, à l’instar de la Dépakine, qu’il comporte des risques graves pour les patients. Ce dossier, qu’on doit d’ailleurs au même laboratoire pharmaceutique, va-t-il révéler un nouveau scandale sanitaire ? Un scandale qui, s’il est avéré, pourrait voir l’Agence de l’Etat traduite pour sa silencieuse complicité… Devant la répétition des scandales de santé qui frappent notre pays depuis cinq ans, force est de constater que l’action conjointe de Marisol Touraine et de Laurence Rossignol n’aura jamais cherché à protéger les Français mais bien à satisfaire des groupes de pression pharmaceutique dont chacun connait les méthodes et leurs conséquences.
[1] Cancer : docetaxel, combien de morts ? Vendredi 31 mars 2017. P.14.