Brexit : penser la révolte des peuples.

Brexit : penser la révolte des peuples.

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Ils le craignaient et ils l’ont donc fait. Les technocrates de Bruxelles sont parvenus à encourager le morcèlement de l’Union Européenne à force d’arrogance et d’un brin de perversité. Le Brexit, dont il faut encore attendre l’application, a rappelé aux sachants et aux argentiers que les peuples n’obéissent pas toujours à leurs injonctions. Une leçon qui intéresse toute l’Europe et la France en particulier.
Les réactions.

Elle intéresse déjà du fait de la réaction des puissants. Ce vote ne leur plait pas et ils le font allègrement savoir : Bernard-Henry Levy a couvert d’insultes ceux qui ont osé exprimer un vote non conforme, François Fillon s’est inventé une nouvelle recette électorale pour s’assurer des résultats d’un scrutin. Et le patron de Goldman Sachs milite déjà pour l’invalidation du referendum. Toute une histoire, et une histoire qui va justement dans le sens des partisans du « Vote Leave », tant la clique de ceux qui réagissent ainsi est parfaitement ignorante des motivations de ce scrutin.
Le pire étant atteint par les dirigeants européens. François Hollande et Angela Merkel, les ultimes fossoyeurs de l’ancienne UE, proposent une nouvelle initiative franco-allemande dont l’Europe centrale ne veut plus. Matteo Renzi, récemment humilié aux élections municipales, prétend faire la leçon à Londres. C’est d’ailleurs le propos du prochain président du Conseil de l’UE, Robert Fico : « Je ne me prosternerai pas devant l’Allemagne et la France. »
Quant à la pression des bourses, elle n’aura pas fonctionné : tous les patriotes enracinés devraient s’en réjouir. HSBC et autres succursales de la mondialisation forcenée se confrontent à une réalité populaire qu’ils ignoraient. Leur objectif est bien connu : formater un marché unique le plus large possible afin d’améliorer leurs profits. Or comme le rappelait Hubert Védrine au Nouvel Observateurs : « Il aurait fallu, au lieu d’élargir sans cesse l’UE, fixer une frontière extérieure. »

Les éléments.

La perversité des acteurs européens tient dans leur manière détournée d’imposer des mesures défavorables aux peuples, mais au bénéfice entier d’une petite élite. Ainsi, les sanctions contre la Russie sont une aberration politique et économique qui n’est du goût que de quelques cercles d’influence. L’imposition d’un million et demi de migrants dans l’espace Schengen a provoqué des drames et accéléré un changement de population inadmissible pour notre civilisation.
Adhérent depuis 1973 à l’Union Européenne, le Royaume-Uni ne s’est pas soudainement éveillé désireux de retrouver son aura passée. Elle a cédé sous l’imposition d’une société entièrement dominée par la City et le cosmopolitisme qui ne profite qu’aux grands centres urbains et délaisse son pays réel. La carte des résultats électoraux est à ce titre particulièrement saisissante et même Libération n’a pu cacher que c’est le cœur du Royaume-Uni qui a refusé l’arrogance bruxelloise.
La sagesse des Nations rappelle qu’il convient de juger un arbre à ses fruits : aucun accord valable de lutte contre les paradis fiscaux, l’imposition d’un contrôle des changes délirant en Grèce, la soumission de l’Europe à la Turquie sur la question des migrants, et enfin les travaux de la commission européenne de 2013 qui ont préparé l’afflux de plus d’un million et demi de clandestins sur notre continent. J’auditionnais dernièrement le directeur de Frontex qui ne voyait d’ailleurs pas le problème.
Les conséquences
Une des premières conséquences de cette disparition tient en l’ombrage de Barack Obama devant cette décision. Comme l’explique l’économiste américain Randall Kroszner dans l’Opinion de ce mercredi : les Etats-Unis perdent le « principal allié de leur influence ». Nous ne saurions que nous en réjouir ! De fait cela pourrait calmer les ardents opposants à la Russie dans les affaires étrangères de l’Union Européenne. Mieux, l’Europe de la défense pourrait s’émanciper de l’OTAN.
Ajoutons que cela impose en France une pression pour améliorer nos finances publiques, pour reprendre en main notre identité, pour mieux transmettre les fruits de la civilisation européenne, et singulièrement de ses racines chrétiennes. Les 30 minutes accablantes du discours de Manuel Valls à l’assemblée nationale, les tribunes technocratiques d’un Juppé ou d’un Bruno Le Maire n’apportent rien à notre situation, ni au débat. Si nous voulons regagner en liberté, il faut que nous ayons les moyens de notre ambition.
Enfin, les mondialistes très militants devraient en venir à plus de transparence. Ni la trilatérale, ni le Bilderberg, ni les conférences secrètes ne peuvent prétendre que les peuples apprécient leurs négociations technocratiques pour imposer le libre-échange partout sans considération pour les peuples.

Henri Guaino a raison d’affirmer au Figaro d’hier : « Le choix du peuple britannique est peut être le dernier avertissement avant la catastrophe politique qui menace notre continent ». Et tout cela n’ira pas avec de simples appels au retour à l’Europe des Nations. C’est le jacobinisme érigé comme modèle politique qui est dramatique : l’intrusion systématique de la commission européenne comme celle du gouvernement dans le quotidien des petites patries.
Nous apprenions la semaine dernière que François Hollande ne participerait pas aux commémorations de la bataille de la Somme pour cause de tensions sur le Brexit. Le temps long et les sacrifices cèdent devant les mécontentements médiatiques. Malgré l’évidente nécessité de sa démission, Jean-Claude Juncker continue la distribution des bons points. C’est au début du réveil des peuples européens que nous assistons : ils ne veulent ni être remplacés, ni être ruinés, ni être rackettés. Nous ne sortirons pas de l’euro en 6 mois, mais nous ne pourrons pas supporter cette Europe là plus longtemps si elle continue à préférer le lointain au prochain et les commissaires aux citoyens.

Cliquer ici pour lire ou relire les communiqués de presse de Jacques Bompard.

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