La France est malade. Malade d’avoir abandonné ses agriculteurs aux mains d’un système politique indifférent. Malade d’une administration toujours plus coercitive, annihilant tout espoir de survie parmi nos agriculteurs.
Les promesses du personnel politique en matière de défense des agriculteurs n’ont pas été tenues. Alors que de droite à gauche, on promettait la réduction de l’utilisation des pesticides de 50% d’ici 2020, celle-ci a augmenté de 25% depuis 2009. A la veille des présidentielles, le candidat socialiste a proposé l’établissement d’un label européen relatif aux pesticides[1]. Une nouvelle trahison, à l’heure où les pesticides estimés dangereux, à l’image d’un glyphosate supposé cancérigène, sont encouragés à tort et à travers par une élite socialiste soumis aux pressions des laboratoires agrochimiques. A plusieurs reprises, Jacques Bompard a alerté le gouvernement sur ce produit, afin qu’il en soit évalué la dangerosité. Des appels auquel le Ministère de l’Agriculture, déjà si peu prompt à faire appliquer les quelques mesures (traçabilité de la viande et du lait)[2] qu’il promettait mettre en place.
Voilà près de trente ans que les politiques « ferment les portes des services publics aux agriculteurs », comme le soulignait justement Isabelle Saporta, auteur d’un ouvrage interpellant les pouvoirs publics à l’égard de l’agriculture[3]. Trente ans que l’administration préfère sacrifier le savoir-faire des agriculteurs, contraints de prendre des emplois précaires dans les grandes surfaces. Trente ans, enfin, que l’administration anéantit toute initiative audacieuse des agriculteurs au profit de ces temples de la consommation, sans identité et sans goût pour la tradition de nos terroirs. Face à une situation visiblement dramatique, le personnel politique n’a pour seule réponse que la productivité. A l’image du vassal de la Banque Rothschild, Emmanuel Macron, qui prône une agriculture « intensive » [4], culpabilisant encore un peu plus des agriculteurs à qui il est répété qu’ils ne sont pas assez productifs et compétitifs.
Il y a cinquante ans, les agriculteurs représentaient un tiers de la population active. Ils ne sont désormais plus que 2% de la population. « Nous avons perdu 160 000 paysans entre 2000 et 2010, ajoutait-il, soit 21% de la population active » notait en 2013, Claude Fouquet, ancien Ambassadeur de France, dans une note de Génération Libre[5]. A la veille de l’élection présidentielle, le désintérêt patent des candidats en lice laisse présager le pire quant à l’avenir nos agriculteurs, sans lesquels la France perdrait une part de son identité.
[1] Le programme pour l’agriculture des candidats à la présidentielle, Le Parisien, 30.03.2017.
[2] Isabelle Saporta, journaliste, auteur de Du Courage ! (Fayard, février 2017) dénonce l’inaction de Stéphane le Foll à la tête du Ministère de l’Agriculture. Instaurant la traçabilité de la viande et du lait dans les plats préparés, il n’est pas allé jusqu’à s’assurer de la manière dont les industriels jouent vraiment le jeu si l’on en croit UFC Que Choisir ? Voir Le Figaro, 10.04.2017.
[3] Voir Le Figaro, 10.04.2017.
[4] Le Monde, Présidentielle, sept des candidats ont défendu leur vision de l’agriculture à Brest, 30.03.2017.
[5] Une alternative à la PAC, Génération libre, septembre 2013. https://www.generationlibre.eu/wp-content/uploads/2013/09/une-alternative-a-la-pac.pdf