Deux ans après le passage du décret qui autorisait les femmes sans enfants à faire don de leurs ovocytes, l’Académie de Médecine envisage d’élargir une disposition particulièrement préoccupante : la congélation des ovocytes des femmes qui aspirent à la conservation de leurs cellules sexuelles pour procréer quand bon leur semble. Si la procédure est encore contrôlée en France, ces avis favorables rendus par des autorités sanitaires reconnues risquent d’engendrer leur systématisation…
Les arguments soulevés par l’Académie de Médecine pour justifier sa position ne sont pas moins inquiétants : car l’officine entend ainsi « pallier les conséquences de l’infertilité liée à l’âge pour les femmes qui à 35 ans n’ont toujours pas de partenaires stables ou qui optent temporairement pour des choix de vie sans maternité immédiate », enjoignant subrepticement la banalisation d’une grossesse dont le caractère naturel s’efface à mesure que s’instaure une gestation sur demande. Arguant que la congélation des ovocytes augmente les chances de réussites en cas de fécondations in-vitro et permet l’épargne de la réserve insuffisante des ovocytes du don, l’Académie de Médecine ouvre les voies à un marché de la grossesse malsain. Un marché de la FIV coûteux, qui n’est par ailleurs pas sans risque pour la femme qui y a recours…
En encourageant la congélation des ovocytes des femmes, l’Académie de Médecine se rend coupable. Coupable d’enjoindre les femmes à privilégier leurs carrières à leur rôle de mère, alors même que la natalité française connaît une décroissance alarmante. Coupable de favoriser l’instauration d’un marché dont le corps de la femme est la victime malheureuse. Coupable de se laisser « influencer par la soif du gain »[1] en engendrant un effet de dopage sur la demande de fécondation in-vitro, dont la pratique est dangereuse pour les femmes.
A grands renforts de communications médiatiques, on annonce que la légalisation de ce genre de pratiques aurait pour objectif d’éviter l’installation d’un marché parallèle à l’étranger. Une litanie dont on devient coutumier, alors que la question de la légalisation de la procréation médicalement assistée revient sur le devant de la scène. La semaine prochaine, le Conseil Consultatif National d’Ethique (CCNE) rendra son avis sur cette pratique ; à l’issue de l’annonce sera sans doute abordée la question du remboursement de la congélation d’ovocytes par l’assurance maladie. Nul doute que les députés « En Marche ! », favoriseront l’ouverture de « la PMA à toutes les femmes », comme l’annonçait le porte-parole du mouvement Benjamin Griveaux avant les législatives…
[1] Le Serment d’Hippocrate souligne pourtant : « Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. »