Actualisation de la loi de programmation militaire : mauvais camouflage

ssIl fût un temps ou les Français pouvaient s’enorgueillir d’une armée forte, libre et indépendante. La droite comme la gauche ont rangé cette fierté à l’étage des souvenirs pour lui préférer une grande purge du ministère de la Défense. Quelques officiers ironisent même aujourd’hui sur leurs principaux sujets d’oraux aux concours : la France ne leur demande plus de prouver leur capacité en stratégie opérationnelle mais en trajectoire budgétaire.

Les Français attendaient néanmoins un sursaut en faveur de nos soldats à l’occasion de l’actualisation de la loi de programmation militaire en discussion à l’assemblée nationale. La déception est encore au rendez-vous. Incapables d’assumer une politique efficace au sujet du chômage, de la place internationale de la France, de l’immigration ou de la sécurité, les socialistes auraient pu avoir l’humilité d’écouter les déclarations des chefs militaires. Ainsi, le chef d’état-major des armées  déclarait le 7 octobre dernier : « Il n’y a pas de gras dans nos armées. On attaque le muscle, alors que la situation s écuritaire se dégrade ! C’est mon devoir de vous le dire ». Cette exaspération ressentie tant par les cadres que par les soldats est devenue proverbiale dans la Grande Muette.

Les relations internationales sont en pleine crispation : califat islamique et groupes djihadistes opérant au Proche Orient, volonté d’indépendance russe, accroissement de l’influence chinoise, poudrière africaine, guerres économiques et monétaires. La multipolarité comme la mondialisation n’ont pas tenu les promesses pacifistes que naïfs et idéologues leur prêtaient. Les grandes puissances internationales ont parfaitement compris cette évolution et ne cessent de renforcer leurs arsenaux (Chine, USA, Russie, Arabie Saoudite, etc ). Seule l’Europe a vu l’effort cumulé de ses dépenses militaires se réduire d’environ 1,5 % en 2014. L’introuvable Europe de la défense et la dictature de l’OTAN finissent par engoncer les peuples du continent dans un faux sentiment de sécurité.url

Une illusion que les attentats de Paris et la médiatisation de la barbarie de l’Etat islamique ont ébranlé. C’est d’ailleurs cette considération qui est utilisée dans le dossier de présentation de la proposition d’actualisation de la LPM.  Le gouvernement veut adapter notre structure de défense afin d’assurer les programmes Sentinelle et Cuirasse qui demandent la mobilisation de 7000 hommes voire 10 000 hommes dans certains cas.  L’armée est donc utilisée comme variable d’ajustement après des décennies de gestion hasardeuse des forces de police et de gendarmerie. Evacuons d’ailleurs les nombreuses plaintes émanant des soldats en opération Vigipirate et Sentinelle, le gouvernement socialiste semble déterminé à se désintéresser de ces avis-là.

Nous sommes donc face à une vaste opération de communication politique oublieuse de nos soldats. Je veux donc en critiquer les mensonges et la teneur parfaitement idéologique.

Les mensonges tout d’abord. Les socialistes parlent d’effort notable à destination de nos armées à l’occasion de cette actualisation. En 2014 ce sont 8000 postes qui auront été détruits, et sur la période 2014-2019 ce sont 14 925 postes qui disparaitront au total. Par ailleurs Jean-Yves Le Drian annonce une rallonge de 3,8 milliards d’euros sur ce qui était prévu dans la LPM. Ce à quoi l’Association de Soutien à l’Armée Française (ASAF) rétorque : « Sur les 3,8 Mds € supplémentaires alloués à la Défense, 600 millions le seront en 2016 et 700 en 2017, le reste étant prévu au-delà des élections présidentielles. Autant dire que l’engagement réel du Président ne porte en fait que sur 1,3 Mds €… qui couvrent essentiellement les frais du personnel maintenu. »

Il y a comme quelque chose d’étrange dans les analyses du ministère. Celui-ci se réjouit de notre alliance rapprochée avec les monarchies sunnites du Golfe mais ne s’interroge pas de l’absence de relation entretenue avec les pays dits de l’arc chiite. N’est-ce pas une position bien unilatérale qui empêche la France de demeurer une puissance d’équilibre au Proche Orient ? Aucune remarque n’est faite sur les échecs de nos politiques libyennes, libanaises, syriennes puis irakiennes. L’analyse se satisfait d’affirmer que Damas et Moscou sont les principaux responsables des crises dans les relations diplomatiques mondiales. Nos parrains internationaux et nos clients orientaux en rougiront de plaisir.

En un mot, ce plan ne fait que sanctuariser le suicide militaire français, rangeant notre pays au rebut des puissances internationales. Il est soutenu par une diplomatie purement idéologique quand elle ne tourne pas simplement à la prostitution de notre Nation. Les Français peuvent craindre l’avenir.url

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