Discours relatif au projet de Loi Santé

Suite à une décision de la conférence des présidents de l’assemblée nationale, sans concertation aucune, avec les députés non-inscrits, je ne pourrai pas tenir ce discours que je voulais adresser à Madame le ministre de la santé. Je vous en fournis la lettre.


La France a eu la meilleure médecine du monde. Cette situation est en train d’évoluer : non pas que nos praticiens ou nos études aient régressés, mais nous avons perdu le formidable maillage territorial médical. Dans ma circonscription, à Bollène, une ville de 14 000 habitants, il n’y a plus de médecin généraliste !

Le fléau qui touche la médecine c’est la rareté. Rareté de la vocation professionnelle contrainte par un numérus clausus surannée, rareté du temps disponible qui conduit de nombreux praticiens à l’épuisement. Et comme tout ce qui est rare est cher, de nombreux Français ne parviennent plus à se soigner. On estime à 12 000 le nombre d’étudiants en médecine qui partent faire leurs études en Roumanie, Croatie, Belgique ou Espagne : reviendront-ils ?

Nous rencontrons les mêmes absurdités idéologiques qui meurtrissent notre pays. Ainsi Valeurs Actuelles rappelait la semaine dernière que les principales causes de soucis évoquées par les médecins sont : l’excès de paperasserie pour 62% d’entre eux et l’augmentation des contraintes collectives pour 47,3% d’entre eux. L’étatisation de la médecine est aussi une angoisse prégnante dans le milieu médical : alors que peu de diplômés s’engagent dans le libéral, vous proposez une généralisation du tiers payant qui revient à créer des systèmes de soin en coupe réglée. Après tout, la sécurité sociale n’est qu’à 11 milliards de déficit, ajouter encore plus d’ampleur à son intervention est une excellente idée.

On ne s’étonnera pas alors que 40 000 médecins aient manifestés à Paris en Mars dernier. Surtout quand vous leur annoncez une grande conférence de la santé le 11 février prochain après le vote de la loi santé. Vendredi dernier avait même lieu une opération « santé morte ». Quel mépris des corps sociaux !

Comment pourriez-vous d’ailleurs continuer à bénéficier de la confiance des corps sociaux quand vous vous arc-boutez sur la loi Evin, tout en laissant se développer des salles de shoot ? Les professionnels de la filière vino-viticole réclament une distinction entre l’information œnologique et la promotion de l’alcoolisation. Comment pouvez-vous le leur refuser ? France Agri Mer a d’ailleurs montré que la consommation de vin était entendue comme une consommation culturelle, un signe identitaire de promotion de nos terroirs. J’ajoute qu’en diabolisant ces professions, le gouvernement insulte 500 000 personnes membres de cette magnifique filière française.

Vos bons amis des associations idéologiques n’ont d’ailleurs cessé d’insulter les médecins : je pense par exemple à l’Association Pour le Droit à Mourir dans la dignité, dont les pratiques de communication indigne revenaient à l’instrumentalisation perpétuelle de la relation entre le patient et son médecin. Décidément, ce quinquennat aura été marqué par la catastrophe des promesses du candidat Hollande.

Vos ministères sont malades de l’idéologie et du refus de servir le bien commun, plutôt que d’imposer partout l’intrusion étatique dans les périphéries de la société. Prenons plusieurs exemples frappants : d’abord la chute de notre démographie. Cette année 2015 sera vraisemblablement la moins féconde des 15 dernières années. A force d’attaques contre la famille, il fallait s’y attendre.

La première des protections contre les maladies et les fragilités c’est la famille. Et les chiffres de la médecine se ressentiront très longtemps des méfaits de votre gouvernement. Ne serait-ce que d’un point de vue fiscal : gel de la revalorisation des prestations familiales, baisse des allocations liées à l’accueil du jeune enfant, modulation des allocations familiales. On a l’impression que la Gauche est tellement désespérée qu’elle sait que tout enfant à naître deviendra automatiquement l’un de ses opposants !

Le ministère de la santé devient alors tributaire de toutes les dérives idéologiques. Pensons par exemple aux remarques de la Fondation Lejeune sur vos arrêtés concernant le dépistage de la trisomie 21. Nous assistons aujourd’hui à un véritable phénomène de « fichage des fœtus ». Ainsi, ce sont toutes les données concernant les femmes enceintes faisant l’objet d’un dépistage prénatal de la trisomie 21 (85% des femmes enceintes), tous les fœtus dépistés puis diagnostiqués trisomiques 21, et toutes les issues de grossesse, qui sont fichés au niveau national. La constitution de ce fichier est couteuse : en temps, comme en argent, et créer une inertie propice aux pires dérives éthiques.

La question de la recherche sur l’embryon est centrale et évidemment bâillonnée dans notre pays. Ainsi le 10 juin dernier, le comité de l’INSERM a encore réclamé la libéralisation de la gestion des embryons alors qu’il est censé le réguler ! On y lit une volonté de gestion améliorée des embryons non transférables. Je rappelle que le prix nobel de médecine a été attribué à un chercheur qui propose des solutions alternatives à ces méthodes affligeantes.

Je note d’ailleurs qu’aucune réforme visant à réduire le nombre d’avortement par an n’est présente dans ce texte. Alors, vous pourrez hurler autant que vous le souhaitez, mais une France qui subit 225 000 avortements est une France blessée, blessée par un drame que personne ne veut prendre à bras le corps !

Ces intrusions étatiques n’en finissent plus de chambouler l’équilibre et les missions des professionnels de santé. J’en veux pour preuve la déclaration de Michèle Delaunay au procès Bonnemaison : « parfois la loi doit savoir se taire. » Une déclaration qui résonne comme une provocation après un débat tronqué sur la fin de vie ; dont évidemment, ni le projet de loi de finances de la sécurité sociale, ni le projet de loi de finances n’ont pris la hauteur dans le financement tant promu des soins palliatifs.

En somme, constituer une nouvelle anthropologie est un massacre éthique, une énormité politique et la source de catastrophes financières annoncées.

En somme, vouloir réformer la Santé comme si elle était indépendante des affronts faits au pays réel, c’est s’interdire d’atteindre des équilibres essentiels pour notre pays.

En somme, c’est mentir aux Français que de dire que l’Etat prend soin d’eux quand les déserts médicaux et l’importation de praticiens étrangers est sacrifié sur l’autel du numérus clausus.

 

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