« Je ne céderai rien », avait déclaré Nicolas Hulot à Jean-Jacques Bourdin fin juin. A l’origine de cette exclamation pleine de vigueur ? Les dispositions à adopter dans le cadre de la réglementation sur les perturbateurs endocriniens. Alors que la France s’était toujours illustrée par une hostilité marquée à l’encontre de ces substances dangereuses, c’est Nicolas Hulot qui a permis l’adoption d’un texte particulièrement douteux sur la question la semaine passée.
Le texte adopté par la Commission Européenne semble pourtant anodin ; une simple définition de ces produits reconnus dangereux pour la santé, souligne-t-on en haut lieu. Et le commissaire européen à la santé et la sécurité alimentaire de saluer en son passage la mise en œuvre d’une « véritable politique européenne sur les perturbateurs endocriniens », un « véritable succès » … De nombreuses associations ne semblent pourtant pas partager l’avis du commissaire : car le texte, exigeant un nombre de preuves trop élevé à l’évaluation du produit, permettra non seulement à certaines substances d’échapper au classement des perturbateurs endocriniens, mais il exempte également les pesticides pourtant à l’origine de telles perturbations endocriniennes.
Jacques Bompard s’est élevé à plusieurs reprises contre ces produits dangereux ; après avoir déposé une proposition de résolution visant à ouvrir une commission d’enquête sur les dangers potentiels du glyphosate, il avait alerté le parlement sur par l’intermédiaire d’une question écrite relative aux produits susceptibles de nuire à la santé des femmes enceintes et celles de leurs enfants à naître. « La première étude de grande ampleur menée sur l’impact des polluants comptant parmi les perturbateurs endocriniens (ELFE, étude longitudinale française depuis l’enfance) sur les femmes enceintes a révélé des conclusions particulièrement inquiétantes. Sur les 4 200 participantes ayant accepté de se soumettre, en 2011, aux tests, 74 % se sont vus détecter du bisphénol A dans leurs prélèvements biologiques (sang, urine…) », constatait-il en juin. Le député en avait alors appelé à la diligence du ministre, afin que des produits alternatifs viennent remplacer ces constituants nocifs.
Ceux-là même que le ministre écologique, tout en prétendant bruyamment avoir écarté la menace, réintroduit fallacieusement. L’après-midi même du passage du texte à la commission, le Ministère de Nicolas Hulot se targuait d’avoir « mis fin à quatre années de retard pour l’interdiction des substances dangereuses » et soulignait qu’il saisirait bientôt l’Agence nationale de sécurité sanitaire pour « mener une évaluation des risques des produits les plus utilisés contenant ces substances ». C’est précisément là où le bât blesse : en ne prêtant attention qu’aux produits « les plus utilisés », le ministre néglige de fait la combinaison de ces substances, à l’origine des véritables effets dévastateurs de ces perturbateurs endocriniens. Et après avoir tu les profits financiers que dissimuleraient ses propres activités, Nicolas Hulot cache sans vergogne la véritable nature d’un texte introduisant les perturbateurs endocriniens en France…