Culture de mort : pour qui sonne le glas ?

La promotion de la culture de mort adopte décidément bien des aspects : de la normalisation de l’avortement, qu’on tient pour droit acquis, à la caricature la plus grossière de ses opposants, on s’échine, dans les colonnes des grandes officines médiatiques, à faire de l’avortement une question anodine, dont les derniers réfractaires sont des invités aussi inattendus que supposés sots. « Le gouvernement s’organise pour contrer les actions des mouvements anti-IVG, dont la jeune génération exerce désormais sa propagande sur Internet », pouvait-on ainsi lire dans le numéro de Libération du jour. Une propagande dont l’usage semble bien modeste, en comparaison de celle exercée par le quotidien… Calomnie de l’adversaire : les militants défendant la vie « flirtent avec les limites des lois », puisque la création de sites Internet pro-vie ne tombe pas sous le coup de la loi du délit d’entrave à l’avortement. « Fichue liberté d’expression ! », semble se désoler la journaliste… Comme de coutume, le concept n’est abordé que lorsqu’il sert les luttes favorisant les caprices des bien-pensants : et d’une pseudo liberté d’expression, de plus en plus ténue, ne sont exaltées que les litanies en faveur de la culture de mort.

SCHUTZ DEM UNGEBORENEN

Avec plus de 200 000 morts chaque année en France, l’avortement constitue le fléau démographique du XXIème siècle. Le discours établi, depuis le passage de loi Veil, ne cesse d’entériner une mesure qui, de dispositif d’exception, s’est érigée en garant de la liberté individuelle. Mais la jeune génération, forte d’un esprit critique renforcée par des années d’échecs et de couardise politique à l’échelle dite « sociétale », n’y croit plus. Et le ministre des Familles, de l’Enfance et des droits des femmes aura beau s’écrier que l’influence des « courants hostiles à l’IVG […] n’a fait que décroître », il n’en est rien. En témoignent les inquiétudes d’Osez le Féminisme, qui s’émeut de « la glamourisation (sic) de ce discours et un rajeunissement de sa cible ». Las des discours, repus de la glose idéologique serinée depuis plus de quarante ans, cette jeunesse entend bien combattre pour défendre la vie. Et munie des dispositifs modernes, cette lutte virtuelle qu’elle est en train de mener ne constitue qu’un premier pas.

Fruit d’années de mépris des gouvernements qui se sont succédé durant quatre décennies, la question de l’avortement reste délicate. Elle suscite l’ire des parlementaires, excédés à l’idée même d’estimer que « l’interruption volontaire de grossesse » constitue la mise à son terme d’une vie. Quolibets et déchaînement médiatique à l’encontre de Jacques Bompard, lorsque celui-ci propose en avril 2015 dans l’hémicycle, de faire prendre conscience aux femmes avortant de la teneur de leur geste. Complice de dissimulation, le gouvernement, condescendant, ne semble pas souhaiter laisser à la femme la responsabilité de son acte. Et lorsque le même député de Vaucluse dépose, en janvier 2016, une proposition de loi pour lutter contre toutes les violences faites aux femmes, il ne recevra du gouvernement aucune réponse, de la sphère médiatique la raillerie insultante consacrée.

Quarante ans de culture de mort ont suffi : aux combats surannés des militants défraîchis de mai 68 répond désormais une génération atterrée par la teneur dramatique qu’a pris l’avortement. Et de la sanité de ce souffle de vie, on ne peut que se réjouir !

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