La CEDH : quand la Cour réclame la barbarie

indexPitié. Voilà le mot qui devrait animer les commentateurs au sujet de la décision de la Cour Européenne des droits de l’Homme qui vient d’exiger la mise à mort de Vincent Lambert. Les juges n’eurent donc aucune pitié pour Vincent, pour sa mère, pour une grande partie de ses proches. Les médias n’en eurent pas davantage en  biaisant la présentation des douleurs vécues dans cette situation. On vît telle chroniqueuse disserter sur les vies qui ne méritent pas d’être vécues, et telle autre imaginer le for interne du patient sans se demander un instant si elle ne versait pas alors dans la plus terrible obscénité.
L’évêque de Montauban, Mgr Bernard Ginoux, a parfaitement résumé la situation : dd«Croyants ou non nous avons à redire que la mort provoquée est une atteinte aux plus faibles qui n’ont besoin que de nos soins fraternels ».

La CEDH a donc procédé à un vote au sein d’un collège d’experts qui furent en réalité bien loin d’être unanimes sur la question. J’en veux pour preuve la déclaration des cinq juges dissidents faisant suite à la volonté de la cour de condamner Vincent Lambert à une sorte de peine capitale : « « Nous estimons que cette conclusion est effrayante mais de plus – et nous regrettons d’avoir à le dire – qu’elle équivaut à un pas en arrière dans le degré de protection que la Convention et la Cour ont jusqu’ici offert aux personnes vulnérables ».

Il s’agit donc de poser la question : peut-on confier à un collège de juges aussi opposés la décision de la survie d’un Homme ? Peut-on décemment assoiffer et affamer Vincent Lambert sur le fondement de principes qui n’obtiennent qu’un assentiment numérique relatif et certainement pas une adhésion en conscience des experts réunis ? Aussi faut-il poser la question de la définition du Droit quand il vient se fracasser avec autant de violence sur les principes les plus essentiels de la loi naturelle. Avec sa décision la CEDH a donc prouvé que la barbarie pouvait se maquiller en clercs respectables et certainement pas qu’elle possédait la légitimité pour statuer sur la mort.
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Je rappelle que Vincent Lambert n’est pas en fin de vie mais dans un état pauci-relationnel, nécessitant des soins et de l’amour. 1700 autres personnes sont dans le même cas dans notre pays. Va-t-on assister à la mise à mort de chacun des grands blessés de la vie ? C’est, à vrai dire, une des étapes vers l’établissement d’un totalitarisme et d’une idéologie. Ce fût d’ailleurs la réaction du défenseur de Vincent Lambert suite à la décision : « C’est une décision à caractère politique. Si la Cour européenne utilise un langage juridique, sa posture est en réalité purement politique, pour ne pas dire idéologique ». La Cour n’a donc eu aucune pitié pour la société française qu’elle livre désormais aux interprétations les plus sanglantes de la Loi Léonetti, dont il convient de rappeler qu’elle autorise de fait l’assassinat d’un patient par la suppression de son assistance alimentaire.

L’Etat livre donc une famille aux troubles des batailles judiciaires plutôt que d’assurer sa fonction primordiale à savoir couronner les liens familiaux et protéger ceux qui ont besoin de l’être. Quand on songe que les mêmes qui se réjouissent de la condamnation à mort de Vincent Lambert claironnent sur un prétendu droit à « mourir dans la dignité ». L’indécence, pourtant, leur va à ravir. Espérons qu’un miracle de bonne volonté puisse sauver Vincent Lambert. Sans quoi la barbarie l’aurait encore emporté.

Une barbarie que pourtant beaucoup prétendent combattre en supprimant la peine de mort dans l’ensemble des cas de figure. Sans entrer dans ce débat, on notera qu’il est paradoxal de condamner à mort un innocent qui demande simplement l’attention et le soutien de notre société. A moins qu’il s’agisse de guillotiner un symbole pour asseoir l’éradication de tout témoignage de la faiblesse au cœur de notre société ?

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